Pourquoi et comment créer des NFT RH de compétences ?

Début juin 2022, des collaborateurs du groupe LVMH annonçaient sur Linkedin la création de leurs premiers NFT de certification de compétences, dans le cadre d’une expérimentation. Il s’agit là de l’un des premiers cas d’usage rendus publics en la matière. Lorsque la première capitalisation du CAC 40 (300+ milliards €) se met en mouvement sur un sujet, on peut se dire qu’il se passe quelque chose. Plongée dans une étude de cas prometteuse pour la fonction RH, que Tomorrow Theory est fier d’avoir accompagné.

NFT RH de compétences : rien de nouveau ?

En 2019, le média Cointribune prédisait l’utilisation de la blockchain pour les usages RH, et notamment la certification de compétences grâce aux NFT. A l’époque, trois startups étaient présentées en lien avec le sujet (Talao, Talent Coin, HireMatch). Trois ans plus tard, en regardant l’offre de ces trois acteurs, force est de constater que le marché leur a rendu la vie difficile, puisqu’ils ont tous pivoté dans leurs activités.

Aujourd’hui encore, très peu d’entreprises sont capables d’utiliser une blockchain, que ce soit dans leur coeur de métier, ou dans les processus de leur fonction RH. Si vous espérez augmenter vos chances d’être recruté grâce à un CV en NFT en 2022, je vous suggère de conserver une copie papier ou pdf, car elle vous sera infiniment plus utile pour trouver un emploi !

Mais ce n’est pas parce qu’une innovation arrive trop tôt qu’elle n’est pas pertinente. D’autant plus que la blockchain propose des atouts très intéressants pour la certification de compétences ou de formations. Grâce à la blockchain, il est possible de disposer d’éléments dont l’authenticité, la rareté et la traçabilité sont rendues publiques et réputées infalsifiables. Surtout, il est possible pour n’importe quel acteur de créer de tels éléments.

Pour être très clair, si un NFT de compétence est créé et délivré par une personne ou organisation dont la crédibilité sur le marché n’est pas suffisante, aucun NFT au monde ne permettra de rétablir cette crédibilité. En revanche, il est possible de créer des logiques économiques intéressantes grâce à la décentralisation permise par la blockchain.

Pourquoi créer des NFT RH de compétences ?

Lorsqu’une entreprise ou organisation décide d’émettre des NFT de compétences, alors on ne peut plus dire qu’il s’agit de n’importe qui. La valeur du NFT devient alors directement liée à la crédibilité de cette organisation. En termes de reconnaissance, cela ouvre le champ des possibles. Aujourd’hui, seuls l’Etat et les établissements d’enseignement ont la capacité d’émettre des titres de reconnaissance, que ce soit des certificats ou des diplômes.

Mais l’économie évolue plus vite que la capacité des écoles à faire évoluer leurs programmes. Ces dernières années, des entreprises ont émergé pour jouer le rôle d’écoles à grande vitesse. En quelques semaines, elles sont capables de préparer des personnes pour un métier donné, par exemple dans la vente ou dans le développement informatique. Loin d’être de simples originaux, ces acteurs préfigurent une nouvelle économie, où la reconnaissance de compétences ne correspond plus au schéma de l’enseignement long et académique.

Dans quelques années à peine, la plupart des certificats de compétences et diplômes seront hébergés et consultés sur des blockchains, pour les qualités évoquées précédemment. Ces certificats auront des origines diverses et variées, mais il sera possible de les vérifier en un clin d’oeil pour se faire un avis sur leur crédibilité. Avec le temps, il existera même probablement des indices de crédibilité ou scores de notoriété.

En tant que recruteur, vous pourrez donc bientôt voir le profil d’un candidat dans la blockchain, grâce à son CV NFT. Ce CV NFT sera constitué de plusieurs NFT de compétences, issus des écoles et organisations ayant jalonné le parcours de ce candidat. Alors que sur un CV vous n’avez que ce qui est écrit pour vous faire un avis, avec la blockchain vous disposerez de métadonnées précieuses pour augmenter votre niveau de confiance sur la validité des informations.

Je ne pense pas que ces certificats remplacent complètement la valeur d’un diplôme en France dans la décennie à venir, en tout cas pas pour tous les métiers. Ce devrait être néanmoins le cas pour certains métiers à haute tension non réglementés (développeurs, data scientists, etc.). Plus il y aura d’écoles et d’organisations à jouer le jeu, plus ce marché sera pertinent. Au point que dans quelques années, vous vous demanderez comment on faisait avant…

Pour aller plus loin, on peut également citer l’exemple de la VAE, ou Validation des Acquis par l’Expérience. Ce dispositif français permet à des professionnels expérimentés et autodidactes de faire reconnaitre leurs compétences grâce à un titre validé par l’Etat. Dans une économie des compétences, non seulement cette pratique serait normale et encouragée, mais surtout, elle ne reposerait plus sur la seule validation par l’Etat.

Si demain, un candidat dispose de toutes ses compétences et reconnaissances sous forme d’un profil dans la blockchain, alors il deviendra possible pour des recruteurs d’automatiser la préqualification à très grande échelle. Grâce à des algorithmes, il sera possible de vérifier la crédibilité de chaque compétence, puis de rapprocher ces compétences avec les postes à pourvoir. En quelques secondes à peine, ce seront des milliers de profils qui pourront être passés en revue ET vérifiés, pour identifier les 5 à 10 profils les plus pertinents pour le poste.

Bien évidemment, cela impliquera que l’offre soit bien définie, et pas juste un copier-coller d’un vieux besoin. Mais si cette offre elle-même est un NFT composé de plusieurs sous-NFT de compétences, alors on arrive dans une vraie économie des compétences, à jouer aux légos pour construire un poste et identifier les meilleurs candidats. Un système sain permettra d’ouvrir à la plus grande diversité, plutôt que de refermer strictement. Cela implique que les NFT de compétences seront reliés par une forme de base de données relationnelle intelligente, appelée ontologie des compétences. Bon à savoir, c’est déjà un sujet aujourd’hui 🙂

Comment créer des NFT RH de compétences ?

Pour créer des NFT de compétences, il y a plusieurs pré-requis, et surtout, il est important d’avoir la vision de ce qu’ils permettront dans l’avenir. Comme évoqué, chaque NFT de compétence ne présente que peu d’intérêt s’il est seul. En revanche, agrégé aux autres compétences et reconnaissances pour une personne, on peut alors créer un profil entièrement sécurisé et crédibilisé dans la blockchain.

Pour créer des NFT de compétences, il faut d’abord choisir la blockchain sur laquelle on souhaite évoluer. Plus la blockchain est grand public, plus il y aura d’intérêt. En effet, vous n’aimeriez pas qu’un CV ne puisse être lu que par une infime fraction de recruteurs, faute d’un format que personne n’utilise. Idem pour la blockchain.

Nous recommandons des blockchains comme Polygon ou Tezos, qui, en plus d’être évolutives et largement utilisées, permettent d’optimiser les transactions, pour se montrer 500 000 fois moins consommatrices d’énergie que la blockchain Ethereum. L’argument environnemental ne peut être ignoré lorsque l’on parle de construire une nouvelle économie à l’échelle nationale ou mondiale.

Une fois la blockchain choisie, il convient de créer une adresse blockchain pour représenter l’organisation certifiante. Cette adresse permettra de prouver l’origine des NFT de compétences que vous émettrez, assurez-vous donc qu’elle soit propre à l’organisation, et non pas à une personne. Dans quelques temps, lorsque le marché aura évolué, vous pourrez attester dans des registres publics que votre organisation utilise cette adresse pour émettre des NFT de compétences, ce qui fiabilisera tout le marché petit à petit.

A partir de cette adresse, vous pourrez créer le ou les smart contracts qui permettront de porter les NFT de compétences. Dans ces smart contracts, il faudra alors créer des champs de métadonnées. On pense bien sûr au nom de la compétence ou de la formation, à l’identité de l’organisme certifiant, aux initiales ou au nom des apprenants, mais également à la date de certification, et surtout à la durée de validité. Cette durée permet de définir la date d’obsolescence de la compétence, ce qui est critique pour éviter de créer un cimetière de NFT de compétences obsolètes à moyen terme.

Il n’est pas nécessaire de mettre le nom complet de l’apprenant. D’une part parce que cela devient une donnée personnelle soumise au RGPD, mais surtout parce que chaque NFT est lié à une adresse sans possibilité de transférabilité, ce qui enlève le besoin de faire apparaitre un nom sur le NFT lui-même. Le NFT aura été envoyé à l’adresse de la personne concernée, point barre.

A partir du smart contract, vous pouvez maintenant définir la liste des personnes concernées par les NFT à remettre. C’est ce que l’on appelle le whitelisting, ou la mise en liste blanche. En fait, vous pouvez soit envoyer directement les NFT aux adresses concernées si vous les avez, soit créer un processus qui invite les personnes à réclamer leur NFT lorsqu’elles y sont éligibles.

Dans le deuxième cas, c’est ce que vous avons choisi de faire pour LVMH, notamment afin de simplifier l’expérience utilisateur. Très peu de collaborateurs disposent d’une adresse blockchain pour le moment. Il est possible de créer une interface simple qui permet aux utilisateurs de se connecter par un email, pour créer de manière sécurisée et transparente une adresse blockchain, communiquant avec le système de certification. Créer et transférer les NFT de compétences vers ces adresses devient alors un jeu d’enfant !

Cette suggestion de mise en oeuvre peut être adaptée largement en fonction des spécificités. Elle a le mérite de montrer pas à pas comment il est possible de s’y prendre pour engager une économie des compétences à l’échelle d’une organisation. Encore une fois, dans quelques années, toutes ces étapes seront transparentes, et vous pourrez vous-même paramétrer des smart contracts comme vous remplissez un Google Forms. En fait, chez Tomorrow Theory, on a déjà mis en place cette innovation, la démo viendra prochainement…

Pour revenir sur les spécificités liées au sujet des NFT de compétences, il existe plusieurs cas d’usage bien connus des professionnels de la formation et des RH, et il convient de bien les distinguer :

  • Les NFT de compétences en cours ou à venir. Aujourd’hui, une école ou une entreprise est en mesure de certifier que vous maitrisez telle ou telle compétence. Aucune difficulté sur ce cas d’usage, si ce n’est s’assurer que le processus de validation de la compétences est suffisamment fiable pour être crédible. Ainsi, à partir de maintenant, il sera possible d’inscrire dans la blockchain toutes vos futures compétences et formations.
  • Les NFT de compétences issues du passé. Il y a 5, 10 ou 20 ans, vous avez développé des expertises poussées sur tel ou tel sujet. Mais comment les faire reconnaître ? Pas besoin de blâmer la blockchain pour ce problème, il se poserait même sans elle. La solution, c’est donc de trouver une solution acceptable dans le monde réel, avant de la convertir dans la blockchain. Autrement dit : qui pourrait attester de manière crédible la réalité de ces compétences ? Dans un futur proche, il existera probablement des organismes permettant de certifier la crédibilité d’une compétence développée dans un passé moins traçable qu’aujourd’hui.
  • Les NFT de compétences développées dans la sphère privée. Comme pour le cas d’usage précédent, il s’agira de prouver la validité de la compétence en question. Pour que cela soit crédible, il faudra que l’organisme qui émet le NFT soit crédible. Donc même sujet, je pense que des organismes dédiés vont se créer. Peut-être un relais de croissance intéressant pour les écoles et universités ?

L’exemple des HR Data Ambassadors chez LVMH

Pour reprendre l’exemple récent proposé par le service Digital RH du Groupe LVMH, il s’agit plus précisément de NFT de reconnaissance à la communauté des ambassadeurs Digital RH du Groupe, à la suite d’un séminaire de formation de plusieurs jours. Chaque participant s’est vu remettre un NFT attestant de son appartenance à la communauté interne du groupe. Le NFT est valable deux ans, nominatif et non transférable.

Tomorrow Theory a été partenaire technique de LVMH pour cette expérimentation, en coordination avec les équipes internes, et a permis de développer une plateforme web 3 intuitive pour les collaborateurs. Sur une plateforme aux couleurs LVMH, les collaborateurs renseignent leur email. Si cet email fait partie des emails autorisés, un portefeuille de cryptoactifs est créé automatiquement. Automatiquement, le système est informé de cette création, et transmet le NFT RH au portefeuille. A partir de ce moment, le NFT RH est lié à vie au portefeuille du collaborateur. Au terme des deux années de validité, le NFT affichera l’information ‘expiré’ mais ne sera pas supprimé.

Visuel du NFT RH délivré par LVMH aux HR Data Ambassadors. Source : LVMH, 2022

Pour que le collaborateur puisse garder la main sur son portefeuille, il lui est possible d’exporter la clé privée sur un gestionnaire courant de portefeuilles, comme Metamask ou Trustwallet. Cette innovation d’usage qu’est l’interface web 3 intuitive montre qu’il est possible d’embarquer les collaborateurs très facilement vers les usages blockchain, sans les priver des bénéfices de cette dernière.

Ce badge constitue une simple expérimentation pour le groupe LVMH, dont la stratégie blockchain semble extrêmement avancée. L’expertise sur le sujet en interne est déjà très forte, et il y a fort à parier que nous entendrons parler rapidement d’innovations blockchains chez LVMH dans les mois et années à venir.

Vers l’économie des compétences

Il existe de plus en pus de solutions dans le monde entier visant à faire reconnaitre les compétences grâce à la blockchain. L’an dernier, je vous parlais de Braintrust aux Etats-Unis, qui compte désormais plusieurs millions d’utilisateurs. Braintrust permet de mettre en relation freelances et entreprises grâce à des transactions sécurisées dans la blockchain. De plus, le réseau Braintrust lui-même est gouverné par les freelances actifs sur la plateforme. Une vraie initiative web 3 qui dépasse le cadre RH, pour s’inscrire dans l’économie des compétences.

Un peu plus loin, en Estonie, TrustRecruit est une solution qui propose une place de marché peuplée de CV sous forme de NFT. Le CV NFT décrit les compétences, les expériences, les objectifs de carrière et la passion du candidat. En fonction de ses préférences, son CV NFT est mis en évidence sur le marché des CV NFT, où le moteur de correspondance de l’IA associe le CV NFT aux offres d’emploi qui le concernent. D’autre part, les employeurs et les recruteurs ont la possibilité de consulter les détails du CV après avoir payé les frais requis. Les frais perçus sont transférés au propriétaire du NFT, ce qui donne plus de pouvoir aux personnes qui partagent leurs données vérifiées.

Beaucoup plus près de nous, en France, le cabinet de recrutement Altaide de Jacques Froissant a proposé un magnifique poisson d’avril avec l’annonce de son Altaverse, un environnement web 3 pour mettre en relation candidats et recruteurs. Comme pour TrustRecruit, Altaverse proposerait des CV NFT pour les candidats. L’initiative va même plus loin, puisqu’elle proposerait les offres d’emploi sous forme de NFT également. Même si l’Altaverse n’existe pas encore réellement, il s’agit d’une évolution logique du marché, et je parie que ce sera la norme dans quelques années.

Et vous, vous en êtes où dans le web 3 RH ?

Tomorrow Theory, c’est notre agence en valorisation du capital humain par la science et la technologie. Nous accompagnons déjà de nombreuses entreprises comme LVMH dans l’intégration des usages web 3 au sein de la fonction RH. Voici 10 cas d’usages concrets sur lesquels nous intervenons actuellement :

  • Certification NFT de compétences
  • Création de portfeuilles de cryptoactifs pour les salariés
  • Ingénierie pédagogique en environnement virtuel et métavers
  • Création d’expériences de marque employeur dans le métavers
  • Création de plateformes de développement des soft skills avec reconnaissance automatisée dans la blockchain
  • Conférences et formations sur le web 3 et le métavers
  • Sensibilisations COMEX au web 3 et au métavers
  • Mise en place de blockchains privées pour entreprises
  • Aide à l’identification de cas d’usages web 3 RH
  • Développement de communautés web 3 internes

J’espère que vous avez apprécié ce nouvel article. Je continuerai de développer des cas d’usages, pour permettre au plus grand nombre de se les approprier. N’hésitez pas à me contacter pour en discuter, car le monde bouge vite, et demain n’est pas loin. En effet, tomorrow is only a day away…

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