Pourquoi le métavers ne devrait pas exister (PARTIE 1 : Environnement)

Le métavers sera probablement une innovation dans la continuité de celles qui captent notre temps de cerveau, pour nous divertir et nous faire oublier que nous nous sentons vides. Et c’est parce que nous nous sentirons vides que nous consommerons davantage, et que nous nous éloignerons encore plus de ce qui serait susceptible de nous rendre entiers à nouveau.

Led Gapline / Shutterstock

Cette seule raison me suffit pour ne pas vouloir du métavers, même s’il est inéluctable, et nous viendrons à ce point. Mais il existe en fait de très nombreuses raisons qui permettent d’expliquer à quel point le métavers est une aberration. Donc ce serait juste mieux de se dire : ne créons pas le métavers ! Sauf que ce n’est pas tout à fait le plan, puisqu’il va bel et bien exister. Dans cette nouvelle série d’articles, je vous explique pourquoi, et je prends ensuite le temps d’expliquer en quoi c’est une erreur pour notre société. Aujourd’hui, on regarde les considérations environnementales. Les prochains articles traiteront des enjeux sociaux et économiques.

Les métavers vont-ils réellement exister ?

Plus j’étudie le sujet, et plus je me rends compte d’une chose : je ne pense pas que nous ayons le choix d’accepter ou de refuser le métavers en tant que société, car je pense que c’est un choix qui a été fait pour nous il y a plus de deux décennies. La littérature scientifique a théorisé et décrit le fonctionnement du métavers depuis près de 30 ans. Et au risque de vous faire peur, des ingénieurs et chercheurs décrivent actuellement le fonctionnement de la 7G qui existera dans une à deux décennies. Pas la 6G, la 7G. Les papiers sur la 6G sont prêts depuis longtemps.

Le train technologique est en marche, et chaque innovation pose les bases pour les suivantes. En revanche, je pense qu’il est encore possible d’orienter les règles éthiques avec lesquelles devront opérer ces métavers. C’est pour cette raison que je m’implique autant dans les sujets technologiques. Toute technologie, quelle qu’elle soit, finit par ressembler à ceux qui mettent le plus d’efforts et de moyens pour l’exploiter.

J’accepte donc que l’existence du métavers ne dépende aucunement de ma volonté, de mes besoins ou de mes actions prochaines. Il existe des forces bien plus puissantes, et bien mieux organisées et préparées. Pour autant, je ne m’avouerai pas vaincu, et je ferai mon possible pour qu’il en sorte du positif. En tant que fervent défenseur du potentiel humain et des processus biologiques et naturels de notre univers, j’ai à cœur d’œuvrer pour que le métavers ne mène pas à une société où l’humain devient le facteur limitant d’une culture techno-centrée qui a renoncé à l’humain.

Le métavers ne permet pas de tenir les objectifs de réduction d’émissions de CO2

Le métavers est un pas de plus vers l’importance de la part du numérique dans la consommation électrique mondiale. En 2021, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) publie un rapport intitulé La face cachée du numérique. Le rapport met en évidence certains chiffres effarants : le numérique représente près de dix pour cent de la consommation électrique européenne, et quatre pour cent des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Ces quatre pour cent peuvent paraître assez peu, mais c’est tout de même quatre fois plus que la part de la France, tous secteurs confondus, dans les émissions mondiales.

En France, le collectif GreenIT prône un digital plus sobre. Dans cette vision, il n’y a pas de place pour le métavers. Frédéric Bordage, Président du collectif, rappelle que la fabrication d’un casque de réalité virtuelle consomme 200 kilogrammes de matières premières, dont certaines bientôt épuisées, et 80 000 litres d’eau.

Avec le métavers, il faudra rapidement plusieurs milliards de casques, soit plusieurs milliards de fois ces chiffres astronomiques. Cela signifie par exemple que, pour équiper les 30 millions d’actifs français pour le cadre professionnel, il s’agirait d’émettre 1,5 millions de tonnes de CO2. Une telle quantité équivaut aux émissions annuelles des habitants de villes de la taille de Nantes, Montpellier ou Strasbourg.

Le métavers nous détourne des priorités environnementales essentielles

Pour mieux comprendre l’état de notre planète en lien avec nos modes de consommation, le Stockholm Resilience Center a réuni 28 scientifiques internationaux, afin de créer un langage commun et clair. Ils ont ainsi défini neuf limites planétaires, dont dépend la pérennité de l’écosystème mondial :

  1. changement climatique ;
  2. érosion de la biodiversité ;
  3. perturbation des cycles de l’azote et du phosphore ;
  4. changements d’utilisation des sols ;
  5. acidification des océans ;
  6. utilisation mondiale de l’eau douce ;
  7. appauvrissement de l’ozone stratosphérique ;
  8. augmentation des aérosols dans l’atmosphère ;
  9. introduction d’entités nouvelles dans la biosphère (pollutions chimique et plastique) ;
Les neuf limites planétaires (Source : Stockholm Resilience Center, 2022)

Comme l’indique le schéma du Stockholm Resilience Center en 2022, au moins cinq des neuf limites planétaires semblent avoir déjà été dépassées depuis la Révolution Industrielle. La biodiversité est en déclin, le changement climatique s’accélère, la pollution plastique et chimique devient nocive pour la biosphère, les sols sont sur-utilisés et modifiés, et les cycles naturels chimiques qui créent la vie sont déréglés. Bientôt, les océans seront trop acides pour préserver suffisamment les écosystèmes marins. Les eaux douces dites de ruissellement sont désormais insuffisantes dans de nombreux pays, et l’ozone reste fragilisée malgré les actions menées.

Le métavers peut-il aider à adresser ces grands enjeux ?

Il existe de nombreux autres indicateurs et faits établis qu’il serait possible de mettre en avant dans cet article, mais je pense que le schéma proposé est déjà très évocateur. Alors que notre planète nous montre que les conditions mêmes de notre existence sont menacées, le métavers semble bien superflu au vu des enjeux.

D’un point de vue strictement environnemental, toute innovation qui ne vise pas directement à rétablir les limites planétaires peut être considérée comme aberrante et dangereuse pour la survie de notre civilisation, voire de l’humanité.

De ce point de vue, le seul argument qui pourrait justifier le métavers serait s’il était dédié à la résolution des grands problèmes environnementaux causés par l’homme, par la mise en intelligence collective et la création de simulations puissantes pour trouver des solutions compatibles avec le progrès technologique, s’il en existe…

J’espère que vous avez apprécié cette prise de recul sur le métavers. Dans la prochaine partie, nous aborderons les raisons sociales qui font que le métavers ne devrait pas exister. Restez dans les parages 😉

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