Pourquoi le métavers ne devrait pas exister ? (PARTIE 3 : Économique)

Pourquoi le métavers ne devrait pas exister ? (PARTIE 3 : Économique)

Si seulement il était possible de placer les gens dans des conditions qui leur font oublier le réel, on pourrait vraiment leur vendre n’importe quoi… Ah mais attendez, c’est bon, le métavers arrive ! Dans son rapport sur le métavers sorti début 2022, Gartner prédit que d’ici 2026, un quart de la population passera au moins une heure par jour dans le métavers. Mais quels sont les risques de cette nouvelle économie pour le monde réel ?

Un déplacement de la valeur dans le virtuel

Dans le métavers, il sera possible de visiter des monuments virtuels, des villes virtuelles, des paysages virtuels. On pourra participer à des concerts, des soirées endiablées et bien d’autres événements inspirés du monde réel. Progressivement, ces activités virtuelles vont entrer en compétition avec le monde réel.

Choisirez-vous plutôt d’aller visiter le nouveau parc floral de Sandbox, ou de faire 100 kilomètres en voiture pour visiter ce fameux parc naturel dont vous avez entendu parler il y a quelque temps ? Si aujourd’hui le choix est assez évident, il y a de grandes chances qu’il s’inverse progressivement pour nombre de personnes.

Or, tout est question d’équilibre : si les acteurs économiques perdent une part significative de leur audience, ils risquent de ne plus pouvoir financer leur développement, voire pire. Certains diront qu’ils n’auront qu’à proposer certaines de leurs activités dans le métavers, et que c’est une évolution logique de l’économie.

Ceux qui s’adapteront survivront ; ceux qui n’y arriveront pas disparaîtront, et laisseront la place pour des acteurs plus en phase avec leur époque. Dans un sens, c’est exactement ainsi que fonctionnent les cycles économiques. On parle de “destruction créatrice”, notion évoquée par Schumpeter dans la première moitié du XXème siècle à propos de la révolution industrielle.

Je ne remets pas en cause les principes économiques largement éprouvés dans l’économie industrielle. En revanche, je pense que l’échelle de temps dans laquelle nous vivrons les prochaines transformations est sans commune mesure avec les transformations précédentes. Il est probable que tous ces changements se produisent en à peine plus de deux décennies.

Une concentration des richesses encore accrue

Également, pour investir dans les technologies et usages du web 3, il est nécessaire de comprendre un grand nombre de concepts : la blockchain, la XR, le web spatial, etc. Des acteurs seront là pour accompagner, et j’en fais partie, mais je crains que les acteurs capables de se saisir de ces opportunités soient ceux qui disposent déjà de moyens colossaux.

Autrement dit, un risque économique majeur est la concentration accélérée des richesses et des pouvoirs sous l’ère du web 3. Sans parler du web 3, il est bon de rappeler que nous vivons dans un monde où toutes les 30 heures, une personne devient milliardaire. Pendant ce temps, toutes les 33 heures, une personne bascule dans l’extrême pauvreté quelque part dans le monde.

Il ne s’agit pas de revendiquer la fin de l’enrichissement à l’ère du web 3, cela constituerait bien évidemment un paradoxe avec la philosophie de cette nouvelle ère, qui se veut décentralisée et plus ouverte au marché, mais ce ne serait pas la première fois qu’une promesse ne pourrait être tenue. Après tout, Internet devait permettre la liberté pour tous, non ?

Donc si demain, les PME, les petites villes et les petits États n’ont pas les capacités de devenir autonomes dans le métavers et le web 3, ils dépendront de gros acteurs. C’est déjà le cas pour une grande partie des services qu’ils délivrent. Mais est-ce une raison d’aller toujours plus loin dans la dépendance aux Big Tech, ces géants privés du numérique ?

La fin de l’intérêt général ?

Jusqu’à quel point un service public peut-il rester au service du public, si toutes ses composantes dépendent d’acteurs privés dont les intérêts sont tout autres ? Je sens que cette section peut rapidement dériver et ouvrir sur des débats connexes passionnants, et ce n’est pas l’objectif ici.

Je conclurai simplement en soulignant qu’avec un web 3 faussement décentralisé, le risque de centralisation à l’extrême est plus que jamais présent. Avec la gigantesque quantité de données en circulation dans ce nouvel espace, c’est un risque certain pour les gouvernances publiques et privées.

Un dernier point de réflexion en défaveur du métavers : au fur et à mesure que l’usage va augmenter, les utilisateurs augmenteront leur patrimoine virtuel. Au point que pour beaucoup, ce patrimoine virtuel finira par dépasser leur patrimoine réel.

Mais lorsque votre terrain virtuel, acheté de plein droit et qui représente toutes vos économies, appartient en réalité à l’acteur privé qui a créé le métavers où se trouve votre terrain, qu’est-ce qui l’empêche de jouer de sa toute-puissance pour extraire jusqu’au dernier centime de votre portefeuille ? Le législateur ? Bien, mais alors qu’il se dépêche…

Il y a encore beaucoup de conséquences à évaluer sur le plan économique. Et surtout, il ne faut pas négliger les volets environnementaux et sociaux. Si vous ne les avez pas vus passer, prenez le temps de lire les deux premiers épisodes de cette série sur les impacts du métavers :

En attendant les prochaines nouvelles liées aux innovations du métavers, rappelons-nous que bon comme mauvais, il convient de tout explorer !

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