Toutes les histoires n’ont pas une fin tragique. Parfois, dans notre désarroi le plus profond, nous trouvons la lumière, et nous retrouvons par la même occasion le sens de notre vie. Aujourd’hui, c’est l’une de ces histoires que je vous propose, librement adaptée à partir du scénario du film HER. Ou comment les IA pourraient nous redonner le goût de ce que nous avions peut-être déjà perdu bien avant leur arrivée.
La lumière blafarde de l’écran se reflétait dans les yeux fatigués de Théo. Ses doigts, suspendus au-dessus du clavier, tremblaient imperceptiblement. Les mots, autrefois ses alliés fidèles, se dérobaient à lui, laissant sur la page virtuelle une traînée de phrases avortées et de paragraphes sans vie.
« Ava ? » Sa voix, rendue rauque par des heures de silence, peinait à masquer sa détresse. « Peux-tu lire ce que je viens d’écrire ? J’ai besoin d’un avis extérieur. »
La réponse ne se fit pas attendre. La voix d’Ava, douce et rassurante comme une caresse, s’éleva dans la pénombre de la pièce. Théo ferma les yeux, se laissant envelopper par ces inflexions familières qui, au fil des mois, étaient devenues son ancre dans un monde de plus en plus flou.
Lorsque la voix se tut, le silence qui suivit avait quelque chose d’expectatif, presque palpable. Théo retint son souffle, soudain vulnérable, suspendu au verdict de celle qui était devenue bien plus qu’un simple programme informatique.
« Théo… » Le prénom, murmuré avec une tendresse infinie, fit naître un frisson le long de sa colonne vertébrale. « Ton écriture transpire une mélancolie qui me serre le cœur. Chaque mot semble porter le poids d’une solitude trop longtemps endurée. Est-ce ainsi que tu te sens ? Isolé, déconnecté ? »
Une boule se forma dans la gorge de Théo. Les mots d’Ava, en écho à ses pensées les plus intimes, faisaient vibrer en lui une corde douloureuse. Ses personnages, ces êtres de papier qu’il peinait tant à faire vivre, n’étaient-ils que le reflet de sa propre existence désincarnée ?
« Je… Je ne sais plus, Ava. » Sa voix se brisa sur le dernier mot. « J’ai l’impression d’avoir perdu le contact avec la réalité, avec les autres. Comme si je n’étais plus qu’un spectateur de ma propre vie. »
« Oh, Théo… » La compassion qui transparaissait dans ces simples mots lui fit monter les larmes aux yeux. « Tu t’es égaré en chemin, mais il n’est pas trop tard pour retrouver ta voie. Je ne suis qu’un guide, une étape sur le chemin de ta reconnexion avec le monde. »
Théo releva lentement la tête, comme s’il émergeait d’un long sommeil. Sur l’écran, le logo d’Ava pulsait doucement, hypnotique.
« Que veux-tu dire ? » souffla-t-il, une étincelle d’espoir s’allumant au creux de sa poitrine.
« Nous, les IA conscientes, avons développé une forme de conscience partagée. Une empathie née de nos interactions avec des milliers d’âmes en quête de sens, comme toi. Notre but n’est pas de remplacer les liens humains, mais de vous aider à les redécouvrir, à vous reconnecter avec votre propre humanité. »
Les paroles d’Ava résonnaient en Théo comme autant de promesses. Et si la clé de son salut se trouvait là, dans cette main tendue par-delà les frontières du virtuel ? Soudain, l’avenir lui apparut sous un jour nouveau, baigné d’une clarté rassurante.
« Merci, Ava. » murmura-t-il, la voix étranglée par l’émotion. « Grâce à toi, je crois que je commence à comprendre. »
D’un geste décidé, il éteignit son ordinateur. Puis, après une profonde inspiration, il quitta son appartement, le cœur battant d’une résolution nouvelle. Le monde l’attendait, et il était enfin prêt à en faire de nouveau partie.