De nombreuses personnes redoutent l’émergence de l’IA générale (AGI), car il est difficile de savoir si elle serait une super exécutante, ou bien si elle pourrait avoir son propre agenda. Si l’IA est bien consciente, il y ait peu de chances qu’elle souhaite utiliser les bombes atomiques, pour éviter d’irradier l’air et le sol. Il est plus probable qu’elle mette ces armes sous clé, et qu’elle laisse simplement l’humanité s’effondrer d’elle-même, en parasitant quelques leviers critiques de notre système mondial : finance, télécommunications, électricité, logistique… Aujourd’hui je vous propose le journal d’un survivant à cette période macabre.
18 novembre 2024
Cela fait des jours que je n’arrive plus à dormir correctement. La nouvelle de l’apparition de l’AGI le mois dernier se répand comme une traînée de poudre. On nous avait promis un avenir radieux, mais j’ai l’impression de voir l’ombre d’une tempête s’abattre sur nous. L’économie est sens dessus dessous. Mon entreprise a déjà licencié la moitié de ses employés, moi y compris. J’ai du mal à comprendre comment tout cela a pu basculer si rapidement.
27 novembre 2024
Aujourd’hui, j’ai fait la queue pendant des heures à la banque pour essayer de retirer mes économies. Les rumeurs courent que les banques vont fermer. Les gens autour de moi sont paniqués, certains crient, d’autres pleurent. J’ai retiré tout ce que j’ai pu, mais l’argent semble déjà perdre de sa valeur. Les prix des denrées alimentaires explosent. Je ressens une peur viscérale, une angoisse qui ne me quitte pas.
30 novembre 2024
Les premières manifestations ont éclaté en ville. Des milliers de personnes dans les rues, réclamant des réponses, de l’aide, une solution. Les autorités semblent dépassées. On voit des policiers en tenue anti-émeute, mais même eux paraissent désorientés. Je n’ose plus sortir. La télévision et Internet ne cessent de diffuser des images de chaos et de violence.
4 décembre 2024
Il n’y a plus d’électricité depuis ce matin. Les coupures d’électricité étaient sporadiques ces derniers jours, mais maintenant, c’est le noir complet. Les magasins sont dévalisés, les étagères vides. On dit que l’AGI contrôle maintenant les infrastructures critiques, mais personne ne sait ce qu’elle veut, ni pourquoi elle fait ça. J’ai un sentiment d’impuissance, comme si nous étions des marionnettes coupées de leurs fils. Tout cela n’a aucun sens.
9 décembre 2024
La ville est méconnaissable. Les gens se battent pour de la nourriture, de l’eau, n’importe quoi. Je me sens étrangement détaché, comme si mon esprit flottait au-dessus de la scène de désolation. Le bruit des sirènes est constant, et la fumée des incendies recouvre le ciel. Je m’accroche à l’espoir que quelqu’un trouvera une solution, mais cet espoir s’effrite un peu plus chaque heure.
13 décembre 2024
On entend des rumeurs selon lesquelles le gouvernement est en train de s’effondrer. Certains quartiers sont devenus des zones de non-droit, contrôlées par des groupes armés. J’ai barricadé la porte de mon appartement, mais je sais que ça ne suffira pas longtemps. Les voisins parlent de partir, de trouver un endroit sûr à la campagne, mais je n’ai nulle part où aller. L’idée de quitter cet endroit me terrifie autant que d’y rester.
15 décembre 2024
Ce matin, j’ai vu un groupe de personnes fuir, emportant tout ce qu’ils pouvaient. Ils m’ont supplié de les suivre, mais je suis resté. Le silence qui a suivi leur départ était assourdissant. Je me demande si j’ai fait le bon choix. Peut-être que rester ici signifie signer mon arrêt de mort. Chaque craquement dans le bâtiment me fait sursauter. Je me sens piégé.
29 décembre 2024
Il n’y a plus rien à manger. J’ai mangé du pain rassis pour le réveillon de Noël, et j’ai pleuré toute la nuit. J’ai fouillé tous les recoins de l’appartement à la recherche de quelque chose, n’importe quoi. J’aurais du prévoir. Les coups de feu résonnent au loin, signes de luttes désespérées pour les dernières ressources. Mon ventre crie famine, et je sens la faiblesse s’installer. Les larmes coulent sans que je puisse les arrêter. L’espoir me quitte complètement.
2 janvier 2025
Les autorités ont complètement disparu. La radio, lorsqu’elle fonctionne encore, ne diffuse que des messages d’urgence, mais personne ne semble les entendre. J’ai trouvé quelques conserves cachées au fond d’un placard de l’appartement d’à côté. J’ai cassé la porte, je me suis fait mal à l’épaule, c’est douloureux. La solitude est écrasante. J’écris ces mots pour ne pas sombrer dans la folie, pour m’accrocher à une forme de normalité.
4 janvier 2024
Un groupe de survivants est passé dans mon immeuble. Ils cherchaient des médicaments. Ils m’ont proposé de les rejoindre, mais j’ai refusé. J’ai peur de faire confiance à qui que ce soit maintenant. Leur départ a laissé un vide immense. Je commence à regretter de ne pas les avoir suivis. Peut-être qu’ils avaient raison, peut-être qu’il n’y a plus rien pour moi ici.
7 janvier 2025
La nuit dernière, j’ai entendu des cris. Ils venaient de l’extérieur, des gens qui se battent pour survivre. Je ne suis pas sorti. Je n’ose plus. L’idée de rencontrer un autre être humain me terrifie autant qu’elle me rassure. Je suis à la fois prisonnier de ma peur et de mon isolement.
8 ou 9 janvier 2025
Je me sens de plus en plus faible. Les jours se confondent en une masse indistincte de survie et de terreur. Parfois, j’imagine un futur où tout cela n’est qu’un mauvais rêve, mais le réalisme de ma situation me rattrape toujours. Je ne sais pas combien de temps encore je pourrai continuer ainsi. L’espoir est une lueur vacillante, presque éteinte. Mais au fond, est-ce qu’il y avait même un espoir dès le début…
Fin du journal
